Une vie difficile pour moi à reconstruire

*Témoignage écrit pendant le temps passé à la Maison Magnificat*

A l’âge de 16 ans et demi, mes parents m’ont abandonnée, laissée seule. J’avais perdu toute ma famille.

Plus tard, j’ai rencontré un homme à qui j’ai fait confiance, je lui ai donné mon cœur, et quelques années plus tard, à 19 ans, j’apprenais que ma vie allait changer.

J’attendais un enfant qui s’était installé, 7 semaines auparavant.

Dans l’heure qui a suivi, je suis allée voir l’homme que je pensais être mon chéri, l’homme que j’aimais, l’homme, le père de l’enfant que je portais en moi. Je lui ai annoncé cette nouvelle puis après je ne l’ai pas reconnu. Il m’a dit de suite : « Tu avortes ! Je ne veux pas de cet enfant ». Sans un mot, je suis partie à l’hôpital, au planning familial pour un rendez-vous, ils m’ont répondu de prendre mon temps, que j’avais une semaine pour réfléchir à tout ça.

Dans la semaine, l’homme à qui je faisais confiance est parti, sans un mot, dans son pays d’origine. Je ne savais plus quoi faire, ni quoi penser : ma famille m’a abandonnée, mon conjoint m’a laissée tomber… seule dans son appartement…

Je suis allée sur internet où je suis tombée sur un site d’écoute pour femmes enceintes en difficulté. Une dame très sympathique m’a téléphoné, m’a expliqué que si je voulais le garder, personne, même un homme pourrait me l’empêcher, et qu’il existait une maison d’accueil pour futures mamans. Cette dame a pris contact avec Monique, directrice de cette Maison, qui m’a téléphoné et qui m’a expliqué que si je venais, je partagerais une chambre avec une autre future maman. De là, j’ai accepté, et j’ai raconté mon histoire et elle m’a dit que je pouvais arriver le lendemain si je le voulais.

J’ai accepté de suite, mais je savais que ma vie ne serait plus la même. Le lendemain 9h du matin j’ai pris mes affaires et je suis partie, sans argent, sans savoir où j’allais réellement atterrir :

Je suis à la gare de Toulouse, je monte dans le premier train, direction Bordeaux, qui m’amènera ensuite à Saint Pierre des Corps.

Et dans le train je me demandais où j’allais débarquer, je ne savais pas à quoi m’attendre, si cette maison existait, ou si c’était un plan foireux… Mais pour moi, il ne pouvait pas m’arriver pire, car c’était ma seule chance de continuer à avoir une raison de vivre.

Arrivée à Bordeaux, je monte dans un train direction Saint Pierre des Corps, mais suite à un problème j’ai dû changer de train, où il y avait des contrôleurs. J’ai tenté le tout pour le tout. Le contrôleur me demande mon billet, je lui ai répondu : « monsieur, vous m’avez fait changer de train à la dernière minute, et j’ai oublié mon billet dedans… ». 15 minutes plus tard, il revient me voir et me dis qu’il a en effet retrouvé un billet dans l’autre train… j’ai évité une belle amende… C’était un signe !

Monique m’attendait à la gare de Tours, elle m’y a accueilli les bras ouverts. Je lui ai raconté mon histoire et elle, celle de la Maison.

Elle m’a laissée au bus en me disant qu’une éducatrice de la Maison viendrait me chercher à l’arrêt. Dans le bus, en voyant les champs, je me posais plein de questions, où je vais, etc… ?

Je demandais au chauffeur si on était bientôt arrivés… A l’arrêt de bus, à Ligueil, Lydie, une éducatrice m’attendait. A la Maison, 2 bébés et 8 mamans souriantes m’ont accueillie. Une maman m’a emmenée dans ma chambre… notre chambre… Le courant est passé direct.

Petit à petit une nouvelle vie qui commence. Puis le sourire qui revient, malgré mes problèmes, ma tristesse au fond de ma tête.

Mais je voulais avancer !

J’ai pris mes rendez-vous chez le gynécologue, puis là, récemment, au bout de 5 mois de grossesse, j’ai appris que j’attendais une fille… Je n’ai pas pu trouver les mots, presque les larmes aux yeux, c’était un superbe cadeau, de chance de pouvoir faire ma propre famille, sans faire les mêmes erreurs que j’avais vécues…