Je me surprends de plus en plus à être simplement heureuse de la naissance prochaine de mon bébé…

*Témoignage écrit pendant le temps passé à la Maison Magnificat*

Lorsque j’ai appris que j’étais enceinte, je me suis dit que j’avorterais. Pour moi, c’était la seule solution envisageable. Il n’était pas convenable que je fasse un détour dans mon projet de vie. Cet imprévu venait tout perturber et c’était inacceptable. Mon projet était tracé et je ne voulais pas m’en détourner. Alors je me suis dit qu’il fallait éliminer l’élément qui me gênait, m’en débarrasser, pour reprendre normalement le cours de ma route. Je m’étais toujours dit que si je tombais enceinte, sans l’avoir prévu et désiré, j’avorterais, c’était même une certitude pour moi.

Et puis, sans m’en rendre compte, et plus le temps passait, je me suis étonnée à m’imaginer en tant que mère. De très loin au début, me disant toujours que de toute façon ce serait impossible. Sans formation, sans le père pour me soutenir, sans ressources, comment pourrais-je décemment élever un enfant et lui offrir une vie convenable. Qu’aurais-je à offrir à un enfant non désiré ?

Au fur et à mesure, je me suis également demandé comment j’allais supporter l’idée d’éliminer un « futur quelqu’un », et que cela allait devoir me suivre toute ma vie. Comment ne pas se demander à quoi aurait ressemblé l’enfant que j’aurais pu avoir. Aurait-ce été une fille ? Un garçon ? Et ces questions me semblaient de plus en plus angoissantes et insurmontables. En effet, il me faudrait faire un deuil, et peut-être n’aurais-je jamais pu me pardonner mon geste. C’est peut-être pour toutes ces raisons que le jour où je devais me rendre à l’hôpital pour avorter, je n’y suis pas allée. Quelque chose en moi m’empêchait de m’y rendre.

Et c’est ainsi que j’ai finalement choisi de mener à terme cette grossesse. Néanmoins, élever un enfant était pour moi impossible. J’y voyais trop de difficultés, trop de responsabilités, et je me disais qu’au fond, c’était injuste que ça m’arrive maintenant, et que je n’étais pas préparée et surtout incapable de les supporter. Je m’étais dit, vu les circonstances, que je confierais cet enfant à l’adoption, à des gens qui désirent un enfant et qui ont les moyens concrets pour l’élever décemment. Toutefois, je n’étais pas totalement en paix avec cette idée, puisque, souvent, je me disais, comme pour l’avortement, que des questions finiraient par me hanter toute ma vie.

Ainsi, en arrivant à la Maison, j’étais perdue, pleine de questions, et surtout d’incertitudes.

Je ne saurais dire exactement ce qui m’a fait évoluer vers cette décision. Sûrement des rencontres. Et puis, de voir que même dans des situations qui paraissent de prime abord désespérées, il y a toujours du bon et du beau. Désormais, je me sens capable d’aimer cet enfant, de lui offrir un avenir. Je le souhaite même. Et si je n’avais pas rencontré la Maison sur ma route, peut-être qu’aujourd’hui je serais toute seule.

Étonnement je me surprends de plus en plus à être simplement heureuse de la naissance prochaine de mon bébé, à avoir hâte de le rencontrer. C’est fou… !!