Comment un petit battement de cœur pourrait‑il changer toute votre vie ?
Ma grossesse n’était pas prévue. Quand je l’ai apprise, ma vie était déjà un vrai chaos. Je n’avais pas de logement fixe : je passais de chez ma mère à des amis, sans stabilité. Je n’étais pas avec le père de l’enfant et, à Paris, je me sentais perdue, étouffée. J’avais ce besoin viscéral de partir, de m’éloigner.
C’est aux urgences, à six semaines de grossesse, que tout a basculé. J’étais en panique totale, incapable de savoir quoi faire. Et puis, d’un coup, j’ai entendu les battements de cœur de mon bébé. Ce son a bouleversé tout en moi. Juste avant, j’hésitais à avorter. Mais à ce moment précis, j’ai compris que je le garderais. Ce petit cœur m’a donné la force que je n’avais plus.
Paradoxalement, cette grossesse inattendue m’a apporté une stabilité que je n’avais jamais connue. Avant, je ne savais pas où j’allais. Là, j’avais une direction. Un objectif. Mon enfant est devenu mon repère, mon moteur.
Comment votre enfant a-t-il transformé votre vie et vos relations ?
Quand je l’ai annoncé à ma sœur et à ma meilleure amie, elles ont été surprises, inquiètes même. Ma mère, au début, n’a pas bien réagi non plus.
Mais au fond, elle a toujours été là pour moi. C’est même elle qui a trouvé Magnificat et qui m’a encouragée à y aller.
Concernant le père de mon fils… Notre relation n’était pas de l’amour. C’était une relation pansement, née de ma solitude. Quand je lui ai annoncé ma grossesse, je lui ai dit que j’allais avorter, juste pour qu’il me laisse tranquille. Finalement, je lui ai avoué que j’avais gardé le bébé. Il est revenu d’Algérie pour être présent… mais il ne l’a jamais vraiment été. Depuis la naissance, il n’a pas revu son fils. Il appelle parfois, mais sans s’impliquer. Et honnêtement, aujourd’hui, ça ne me pèse plus.
Parce qu’entre-temps, j’ai retrouvé celui que j’aimais vraiment : mon fiancé, avec qui j’étais mariée religieusement. Quinze jours après l’accouchement, je lui ai annoncé la naissance. Sa réaction m’a bouleversée : il a accueilli mon fils comme le sien, sans condition. Il a compris, il a accepté, et il s’est engagé. Aujourd’hui, il est un vrai père pour lui. Même ma famille pense que c’est son enfant. Et il assume ce rôle à 100 %.
Mon fils est mon rayon de soleil. Dans ma culture, on dit qu’un enfant apporte sa richesse, et c’est exactement ce qui s’est passé. Il a rapproché ma famille, apaisé les tensions. Même avec mon père, avec qui j’étais distante, les choses se sont adoucies.
Quel rôle Magnificat a-t-il joué dans votre sérénité et votre reconstruction ?
J’avais alors cinq mois de grossesse. En arrivant, j’ai eu l’impression d’entrer dans un autre monde. La maison ressemblait à un château, entourée de calme et de verdure. Moi qui venais de Paris, j’ai été frappée par ce silence. La première nuit, je n’ai pas réussi à dormir tellement ça me paraissait irréel. Mais rapidement, j’ai compris que ce calme allait devenir une force. Et puis il y a eu l’accueil : chaleureux, humain, sans jugement. À Magnificat, on se sent en famille, pas dans une structure.
Deux jours après mon arrivée, mon ventre s’est arrondi d’un coup. Comme si jusque-là je le retenais, comme si
Je n’osais pas assumer. Ici, j’ai enfin pu souffler, relâcher toute la pression. Mon corps et mon esprit se sont posés.
Magnificat m’a offert bien plus qu’un toit. J’y ai trouvé de l’écoute, du soutien, des conseils concrets pour préparer l’arrivée du bébé. Mais surtout, j’y ai trouvé de la sérénité. J’ai appris que je n’étais pas seule. Avec les autres mamans, une complicité naturelle s’est créée. On avançait chacune avec nos histoires, nos blessures, mais sans jugement.
Depuis Magnificat, ma vie a changé. J’ai retrouvé confiance. Je suis heureuse, et je veux construire un avenir stable pour mon fils : un foyer sécurisant, plein d’amour, et un travail pour subvenir à nos besoins. Je veux qu’il puisse grandir fier de sa maman.
Quel message voudriez-vous transmettre à d’autres femmes dans la même situation ?
À toutes les femmes qui traversent ce que j’ai vécu, je voudrais dire : n’ayez pas peur. Même si tout semble noir, il y a toujours une lumière. Magnificat est cette main tendue qui permet de se relever.
Et à toute l’équipe, je n’ai qu’un mot : merci. Merci de m’avoir accueillie quand j’étais brisée. Merci de m’avoir aidée à me reconstruire. Merci de m’avoir donné la force de croire en moi et croire en la vie.