Bulletin Magnificat n°148 – Noël 2019

Editorial / Bonne Année !

Avec ce mois de décembre et l’entrée dans l’Avent, c’est bien une nouvelle année qui commence et nous pouvons donc vous souhaiter ainsi qu’à notre association Magnificat – Accueillir la Vie et à tous ceux qui la font vivre, une très bonne année.

Que mettre dans ces vœux, à un moment où, dans notre environnement législatif, les travaux de révision des lois de bioéthique et les perspectives annoncées pour la PMA créent beaucoup d’inquiétude et nous touchent particulièrement au cœur de la mission d’accueil de la Vie qui définit notre Association et l’engagement de ses membres ?

Que notre engagement reste solide et notre confiance dans l’avenir, totale. En effet, quoiqu’il advienne, la Vie sera toujours la plus forte !

Le sourire des enfants qui naissent à Magnificat et celui de leurs mamans reconstruites sont la récompense des efforts et du dévouement de chacun des membres des équipes de Ligueil, de Laval et du siège à Tours. Ils sont aussi le merci adressé à chacun de vous, donateurs et amis de notre Association.

Que notre courage soit sans faille alors que nous avons conscience d’être une de ces lumières dont le monde a plus que jamais besoin, et qui brille dans le regard des tout-petits comme elle brillera dans celui de l’Enfant de la Crèche.

Que notre joie soit communicative et multiplie le nombre des amis de Magnificat.

Enfin, que cette année nouvelle apporte à chacun de vous et à vos familles la paix, ce cadeau que chaque homme désire au plus profond de son cœur.

Solange Pénicaut

Vie de la maison de Laval

Marché d’automne

La Maison a eu pour projet de participer à un marché d’automne le 21 octobre dernier. C’était une fête organisée au château de Craon qui rassemblait divers artisans, ce qui donnait lieu à un panel de stands plus riches et plus beaux les uns que les autres. Cet événement a été pour nous l’occasion de réfléchir ensemble à la façon dont nous pourrions imaginer le stand qui représenterait Magnificat : qui a envie de faire quelque chose, et quoi ? Personnaliser des mugs, peindre des tableaux, fabriquer des bracelets, faire des créations en couture, cuisiner des confitures, préparer la décoration du stand, etc. Cela a permis une nouvelle fois de constater que chacune est dotée de magnifiques talents. Si ceux-ci ne se manifestent pas dans l’art ou la création, ils peuvent se déployer dans la relation avec les personnes.

On aurait pu dire, avec tous les stands, que ce marché s’apparentait plutôt à une foire ! Mais c’était bien un marché ! Les personnes se baladaient, s’arrêtaient (Nous devons tout de même avouer que les personnes étaient particulièrement attirées à notre stand parce que… nous vendions des barbes à papa, qui ont clairement remporté un franc succès !), échangeaient… Il y avait une certaine simplicité, une familiarité ! Chacun faisait son petit marché, comme on dit.

Cela fait écho à ce qui se passe à la Maison Magnificat : chacune reçoit des choses qui lui permettent d’avancer et, en retour, elles donnent toutes différemment. Lorsque l’on va au marché, on marche. Au sein de la Maison Magnificat, on marche ensemble, mais chacune à son rythme, en tâchant d’être attentive à l’autre.

Fernand Deligny écrivait « N’oublie jamais de regarder si celui qui refuse de marcher n’a pas un clou dans sa chaussure. » Ceci pour nous rappeler que nous devons essayer d’échapper à la première idée qui risque de nous traverser l’esprit : « Il n’est pas courageux, il ne veut pas marcher ! » Cette notion de mouvance, d’aller de l’avant, d’avancer est donc parlante, tout comme cette belle saison de l’automne qui offre à la nature une nouvelle beauté. Le marché d’automne, si on veut le traduire version Magnificat, c’est accepter d’avancer quel que soit le passé de notre histoire vers de nouveaux horizons…

Marie, éducatrice

Vie de la maison de Ligueil

Magnificat, c’est magnifique !

Bonjour,
Je suis heureuse, parce que j’ai une petite fille, Hasna, elle a deux ans et demi aujourd’hui, elle a changé ma vie !

Grâce à Magnificat, j’ai fait beaucoup de choses, je ne pouvais pas imaginer que je pourrais faire tout ce que j’ai fait ! Je suis restée trois ans à la Maison, j’ai eu le temps dont j’avais besoin pour me
sentir prête à partir, et me retrouver seule dans ma maison. J’ai eu le temps de réfléchir, de profiter de suivre des formations, pour pouvoir travailler.

Trois ans… Le jour où je suis arrivée ici, je parlais à peine français, c’est la Maison qui m’a aidée à apprendre : j’ai pris des cours à la Maison avec Christophe (professeur bénévole), il m’a aidée petit à petit à apprendre la langue. Je n’avais pas le courage de faire des stages, de peur de ne pas comprendre, de ne pas pouvoir me rapprocher des gens, apprendre et me faire comprendre, peur de ne pas être à la hauteur ! Je n’avais aucune confiance en moi. Grâce à la Maison et à Christophe, j’ai pu suivre une formation avec la mission locale de Loches pendant un an, qui m’a permis d’effectuer différents stages.

Aujourd’hui, j’ai encore quelques difficultés à parler français, mais je vois, avec Magnificat, surtout le bien et les choses que j’ai faites grâce à vous ! Je ne les oublierai jamais. Je n’aurais pas pu partir sans tout ceci, sans avoir fait ce chemin. Si on entre dans cette Maison, on est vraiment chanceux : vivre avec d’autres gens, même si on ne se connait pas… on devient une famille, avec les mamans et les éducatrices ! Les éducatrices, qui sont toujours là quand on a besoin d’elles, deviennent notre famille.

Elles sont toujours là, toujours présentes, elles me touchent… grâce à elles j’ai de l’espoir pour vivre maintenant seule. Les éducatrices m’ont donné des trucs pour savoir éduquer mon enfant, elles nous guident chaque jour dans notre rôle de maman. J’étais en danger avant d’arriver, mais comme elles sont toujours là, on se sent en sécurité, je n’ai plus peur, elles ne nous veulent que du bien, alors on se sent protégées. La vie c’est par fois difficile et on trouve de mauvaises personnes. Mais elles, elles sont disponibles pour nous conduire au travail, ou ailleurs lorsqu’il n’y pas de bus (on
vit à la campagne !), jour et nuit, c’est vraiment gentil !

Trois ans… Ici on se sent chez soi… J’ai appris beaucoup : de l’amour, le respect, la liberté, partager avec les mamans, les éducs, comment vivre, pour avancer dans ma vie…
Trois ans, ce n’est pas facile, mais… on ne sent pas que le temps passe ! J’ai appris beaucoup de choses avec les autres mamans. On a partagé beaucoup de restos, de fêtes et de dîners !

La vie est difficile mais, grâce à Magnificat, la vie s’ouvre, et je ne me sens plus opprimée. Magnificat m’a montré ce que c’est que la confiance. Avant, je n’avais pas confiance en moi, mais j’avance
désormais, j’ai tous les outils pour avancer sans regarder derrière moi, avec assurance ! J’ai maintenant confiance, je ne pensais pas que je serais un jour capable d’être une maman, travailleuse !
Quand tu sens que tu es perdue, tu vois les autres, comment elles font, elles te montrent comment faire pour être debout, et pas toujours regarder derrière toi ! Et puis avant, quand quelqu’un me
faisait du mal, je ne disais rien, j’ai appris à dire les choses, à ne pas les garder en moi.

Aujourd’hui je suis bien avec ma fille qui grandit et parle bien, elle apprend chaque jour.
Je travaille près de Ligueil, je ne pouvais même pas imaginer que je travaillerais un jour !
Je rencontre d’autres gens, et, bientôt, je vais déménager, car je suis sur le point de trouver un logement. Ce n’est pas facile de quitter la Maison, mais c’est la vie ! Grâce à Magnificat et à
la confiance qu’on m’a donnée pour avancer et pour apprendre, je vais bientôt partir. Ce sera le jour le plus difficile de ces trois ans, partir de Magnificat !

Si vous ne connaissez pas encore Magnificat, il faut venir pour les connaître !
Magnificat, c’est magnifique !

Arije et Hasna

Le bonheur, une utopie !

(Suite du témoignage de L. G. du n°145)
(…) Je suis arrivée à la Maison et, comme le dit Marine dans son article, toute cette gentillesse me paraissait louche ! Il m’a fallu du temps, deux ans, pour être vraiment en confiance.

Je suis arrivée à la Maison en me disant que j’allais accoucher et, très vite, reprendre le boulot. Il ne fallait pas rester au chômage avec les ARE et tourner en rond dans la vie, comme la société nous le dit. Et puis Marine m’a dit que j’avais le temps, que je me rendrais compte de la réalité et que je ferais en fonction, quand j’accoucherais. Je ne voulais pas coller à cette image mais, entre temps, je me suis permis de profiter et de savourer ma grossesse : c’est unique ! J’ai compris que les premiers mois, pour un enfant, c’est important et que c’est comme lui donner les bases, les fondements de quelque chose qui s’inscrit en lui profondément, afin qu’il ait un bon équilibre. Du coup, la Maison m’a permis de sortir des préjugés de la société et de voir les choses autrement : plus dans le réel, plus vrai, plus profond. La Maison m’a permis de prendre le temps de donner tous les éléments que j’ai en ma possession pour faire de ma fille une personne bien, plus tard, en commençant par lui donner un véritable équilibre, un fondement solide.

Mais pour ça, comme on ne donne que ce qu’on a, il a fallu d’abord accepter et recevoir l’amour que me procuraient les éducatrices et les mamans qui m’entouraient, c’est ça que j’ai mis beaucoup de temps à accepter ! Je n’avais jamais eu ça de mes proches alors, pourquoi le recevoir d’inconnus ? C’était louche ! Quand je l’ai accepté, j’ai pu entamer, faire, et finir un long chemin vers la restauration intérieure, par la grâce d’Elohim (Dieu). Que j’ai pu transmettre à ma fille.

Ce qui est important de savoir, au niveau du fonctionnement de la Maison, c’est que, dans le monde d’aujourd’hui, on ne parle que de résultats, on attend des résultats, des chiffres, des statistiques, il faut rentrer dans un cadre, un moule… Mais les choses plus profondes qui
donnent quelque chose de solide, qui peuvent réellement améliorer sur le long terme, changer une vie, on risque de les négliger au profit du court-terme, voire de l’argent. Seulement, ces
résultats sont les fruits d’une longue patience qui n’a pas de limite… Un arbre qui produit des fruits a besoin d’être planté, nourri et enraciné, ensuite seulement il produira !

Quand je suis entrée à la Maison, je venais à peine d’obtenir mon BTS – grâce à Elohim (Dieu) et aux éducatrices ! (qui, sur la fin, m’ont encouragée à distance). Et je sors maintenant de la
Maison avec deux diplômes de plus, avec un projet concret et cohérent de création d’entreprise. Durant ces deux ans et demi à la Maison, j’ai entre autres travaillé à ces diplômes, que j’ai financés. Et, aujourd’hui, j’ai trouvé ma voie et j’ai misé dessus. Tout ça parce que je me suis sentie en confiance, entourée d’une famille de cœur, et c’est ça qui fait la différence. Aujourd’hui, je suis cheffe cuisinière, en tant que salariée et j’ai fait des prestations, en tant qu’entrepreneur, à domicile et pour un établissement de tourisme.

Magnificat m’a aidée à comprendre que j’avais tout en moi, comme une rose plantée au milieu des ronces, mais je suis passée dans un terrain fertile, par l’amour, l’esprit de famille et une liberté qu’on ne trouve pas ailleurs. C’est cet intérêt sincère et profond de Magnificat pour la personne qui fait, qu’aujourd’hui, mes fondements ont été restaurés ! Et toujours par la grâce d’Elohim (Dieu), car je crois que c’est Lui qui restaure beaucoup de vies à travers cette oeuvre. Je suis en plein processus de départ de la Maison ; je suis certaine qu’en partant d’ici, je suis capable de donner à ma fille tout ce j’ai en ma possession, grâce à ce que j’ai reçu ici. Je sais qu’elle aura tout pour être une belle personne. Les bonnes choses prennent du temps !

L.G.

Hommage aux tricoteuses !

Lorsque je «raconte» la Maison et ce que nous y vivons, il n’est pas rare que mes interlocuteurs s’exclament : « Comme les mamans doivent être reconnaissantes ! » et… j’en suis toujours surprise !
Non pas que la réflexion soit incongrue, mais, plutôt qu’elle me semble si décalée de la réalité : nous n’attendons pas la reconnaissance des mamans et… celle-ci leur est souvent difficile. Lorsqu’elle est là, c’est plutôt un signe lumineux du chemin parcouru.

J’ai lu il y a quelques temps ce propos du père Pascal Ide :
« Pour recevoir un don gratuit, il faut s’en estimer digne (ce qui ne veut pas dire le mériter) et donc avoir un minimum d’estime de soi. »
En effet, pour certaines mamans, en grand déficit d’amour depuis l’enfance ou de confiance en soi, d’estime d’elles-mêmes, nous apparaissons plutôt comme « louches » avec notre gentillesse et
notre attention… Il faut même souvent être vigilantes pour ne pas les laisser s’égarer dans une logique de dû.

L’accueil, la patience, la constance de notre attention, le temps, la vie ensemble à la Maison, la rencontre des autres mamans… font leur bienfait, petit à petit, emplissant le cœur de ces mamans d’amour gratuit, révélant leurs talents, valorisant leur potentiel et leur permettant de se déployer ! Alors, remplie d’une meilleure estime d’elles-mêmes, elles ne se sentent plus en danger et  peuvent s’autoriser à être reconnaissantes.

Mais, bien avant notre action, bien avant de comprendre le miracle du fonctionnement de Magnificat, – vivant uniquement par la générosité de donateurs, ce qui est tellement incroyable –, bien avant de nous faire confiance, bien avant tout cela, il est des personnes qui rejoignent directement et « facilement », souvent les premières, le cœur des mamans blessées ; ce sont les tricoteuses !
J’ai remarqué maintes fois qu’un petit lainage tricoté par une inconnue pour un petit bébé de Magnificat entrouvrait un voile de mystère pour une maman résistant à la confiance, persuadée qu’on ne peut compter sur personne… « Incroyable ! quelqu’un que je ne connais pas a passé du temps à tricoter cette couverture pour… mon bébé ! Quelqu’un aime déjà, aussi, mon bébé ? Et moi avec ! Quelqu’un que je ne rencontrerai peut-être jamais ? »

Je me rappelle cette maman, très jeune, qui avait quitté brusquement sa famille qui refusait son choix de garder son bébé. Je me rappelle sa « fermeture », sa « carapace »… Elle était dans une forteresse imprenable ! Je me rappelle la larme sur sa joue en découvrant, quelques temps après son arrivée, que des « mamies » tricotaient pour SON bébé…

À vous, chères tricoteuses…. MERCI ! La chaleur de votre attention, de votre travail, enveloppe les mamans autant que vos brassières enveloppent leurs bébés.

Les mamans sont si touchées de savoir que telle personne appelle régulièrement pour connaître nos besoins et même les envies des mamans…, qu’une autre personne, qui ne voit plus que d’un œil, envoie ses (magnifiques !) tricots en nous laissant par fois le soin de quelques finitions…, que des petits groupes, dans des maisons de retraites, des amies d’Annie s’entraident pour nous envoyer ou nous apporter couvertures, brassières et doudous tous plus beaux les uns que les autres…, que la grand-mère d’Aurore confectionne fidèlement de magnifiques couvertures, qu’une personne puisse leur dire que la brassière qu’elle envoie est imparfaite mais qu’il faut qu’elles voient, dans les trous de l’ouvrage, tout l’amour qui y passe… Elles sont touchées – même si, souvent, très intimidées, elles restent discrètes – en voyant des personnes venir de loin pour apporter le travail de plusieurs mois… Un travail époustouflant et plein d’amour !

MERCI infiniment d’aimer ainsi les mamans de la Maison, d’ouvrir, par fois les premières, la porte de leur cœur souffrant…. MERCI pour tout l’amour gratuit que vous apportez ainsi aux mamans, leur permettant d’y goûter, pour pouvoir y croire et en vivre !

Pour toutes les mamans de la Maison dont le cœur a été ouvert par un lainage tricoté avec amour, MERCI !

Marine

Jour après jour, pas à pas, ensemble.
C’est simple et… c’est grand !

Déjà un mois que je suis arrivée à Magnificat ! Qui l’aurait cru ? Il y a 3-4 ans, j’étais tombée sur un flyer de la maison Magnificat, et j’avais trouvé beau ce travail d’accompagnement auprès des mamans enceintes, tout en me faisant la réflexion : « Ce serait chouette de pouvoir travailler là ! » Et il y a deux mois, on m’informe qu’un poste d’éducatrice est à pourvoir à Magnificat !

La première impression, ce qui m’a marquée en arrivant, c’est l’accueil simple et chaleureux de chacune, puis c’est le large sourire de Marine, qui est éducatrice et directrice. C’est également l’ambiance sereine et joyeuse qui règne dans la Maison. Le premier jour, Anne, éducatrice, m’a introduite dans la rencontre de chaque maman, de Leslie, puis de Zora, de Lina qui est dans la cuisine… l’endroit de la maison où l’on aime à se retrouver, prendre une boisson chaude… C’est souvent le lieu où les unes et les autres passent, tout en cuisinant, on papote,chacune partage ses projets, des événements du jour, ses réflexions, ses impressions, etc. Bref, ici, c’est une vie de famille !

Ah oui ! Le climat bienveillant m’a touchée ! (et cela me change de certaines expériences vécues dans d’autres structures !). De même, la simplicité des échanges avec chacune des mamans, pas de chichi, pas de tchatcha. Et le côté direct des paroles des éducatrices avec les mamans, la communication et le dialogue circulent, les explications se posent et se donnent selon les contextes ; les mamans aussi expriment leurs attentes ou leurs demandes ! Ah !, l’art de savoir vivre ensemble, l’art de savoir se dire les choses et de communiquer… Ici, je constate que ça s’apprend, que ça se
cultive au jour le jour.

Donc, depuis ce premier jour, je me laisse guider, petit à petit, dans la vie de la Maison, avec l’aide de l’équipe, avec les mamans et auprès d’elles et de leur enfant…. savoir prendre le temps, de tisser les liens, de les accompagner chacune en apprenant à les rejoindre là où elles en sont. J’ai la chance d’arriver à une période où elles ont déjà franchi pas mal d’étapes, de voir qu’elles avancent ! Je suis émerveillée de constater leur épanouissement, leur visage où s’affiche bien souvent le sourire, la reprise de confiance en elles-mêmes, de découvrir qu’elles ont des talents révélés. Je suis émerveillée de leur chemin parcouru, que ce soit dans leur formation (cours au lycée ou par correspondance pour passer le BAC avec l’arrivée imminente du bébé à naître !), dans leur parcours professionnel (travail ici pour l’une, là en restauration en EHPAD, ou ici en stage pro…) dans leur rôle de maman… Emerveillée de leur courage et de leur volonté d’élaborer leurs
projets de vie au sortir de la Maison Magnificat. Leurs projets naissent, évoluent et se concrétisent heure après heure, jour après jour, pas à pas, ensemble. C’est simple et… c’est grand !

Diane, éducatrice

Des soirées presque parfaites, pour la joie d’être ensemble !

La vie de la Maison est faite, souvent, de ces idées qui jaillissent chez l’une, qui rencontrent un écho chez les autres, et qui se déploient dans le concret, enrichissant la vie commune. Ainsi, depuis bientôt trois ans, il y a à la Maison des périodes « Dîners presque par faits », inspirés (dans l’organisation mais pas dans l’état d’esprit !), de l’émission de télévision du même nom.

À la sauce Magnificat, cela donne une sorte de concours d’inventivité, de beauté, de saveurs, en binômes, dans une émulation joyeuse et exigeante ! Ces dernières semaines, nous avons ainsi été invitées tour à tour « Sur les canaux de Venise », à un « voyage en Lituanie », à un « retour en enfance » et à une soirée « sucrée-salée » (autrement nommée « contraires ») !

Mais quelle est la vraie richesse de ces moments ? Quel est leur sens ? Quels en sont les fruits ? Ce que nous voyons éclore à travers ces dîners, c’est la complicité et l’entraide entre les mamans qui œuvrent ensemble dans le plus grand secret à la préparation de leur dîner ; c’est la découverte de talents culinaires, ou d’animation et de décoration ; c’est l’expression et la mise en oeuvre de A à Z d’une idée de thème choisie à deux, et l’expérience d’une responsabilité qui s’engage pour les autres ; c’est aussi le dépassement de soi, car les préparatifs demandent du temps et de l’énergie à ces jeunes femmes qui en donnent déjà beaucoup dans leurs études, leur travail, leur présence à leur enfant… Cette gratuité du don de soi, choisie librement, engendre chez toutes de la gratitude mutuelle.

Gratuité, gratitude… C’est peut-être là le fond de ces soirées presque par faites ! C’est aussi le fond de l’aventure Magnificat : TOUT nous est donné gratuitement – en premier lieu le don de la vie de ces enfants qui naissent à la Maison ! – tant arrive gratuitement jusqu’à nous, qu’au fil des mois, souvent, nous entendons telle ou telle maman chanter sa gratitude, gratitude envers la vie qui par fois fait lever les yeux vers le Ciel et dire : Merci.

Anne, éducatrice

Vie de l’Association, quoi de neuf ?

Notre bulletin commente régulièrement l’oeuvre de Magnificat. Ainsi, cher lecteur, les témoignages des éducatrices ou des mamans mettent en relief le cœur de notre action au sein des Maisons de Ligueil et de Laval, vous permettant de mieux nous connaître.

Mais il existe une inter face entre l’association et le grand public : notre secrétariat, situé à Tours. Des tâches administratives et comptables y sont essentiellement réalisées dont, pèle-mêle :

  • collecte et encaissement des dons,
  •  montage de dossiers d’aide de financement,
  •  traitement des courriers,
  •  édition des reçus fiscaux,
  •  comptabilité générale de l’Association,
  •  recherche de nouveaux contact s,
  •  gestion de la base de données des donateurs et du site internet,
  •  suivi des dossiers de travaux, de la fête des mères ou de formations
    des salariés,
  • relations avec la Fondation Notre Dame, etc.

Or, depuis quelques temps, le secrétariat reçoit également des appels ou des visites de personnes en détresse qui ne nous contactent pas pour être accueillies, car elles ne sont pas enceintes, mais parce qu’elles ont lu que nous étions une ASSOCIATION et pensent que nous sommes, pour cette raison, à même de les écouter confier leurs problèmes. Nous tentons alors de les orienter au mieux vers les services sociaux appropriés.

Ce qui ressort de ces conversations, c’est l’extrême solitude de ces personnes, même quand elles ont une famille, ou un réseau amical. Leurs difficultés, souvent très différentes, ne leur permettent
pas de se sentir aimées pour ce qu’elles sont. C’est pour nous une situation nouvelle et déroutante.

Nous avons aussi de belles surprises, lorsqu’une personne sonne à la porte car elle vient de découvrir notre Association et souhaite lui apporter un soutien concret, selon nos besoins. Cela nous encourage, merci à elle !

Où que nous soyons, du haut de notre « tour tourangelle » du quatrième étage, ou depuis nos Maisons d’Accueil Maternel, les maîtres-mots sont l’écoute, l’ouverture et la compassion.

Quel défi pour chacun d’entre nous d’être attentifs à notre prochain et de toujours avoir sur lui un regard bienveillant !

C’est aussi cela, la mission de Magnificat, dans un monde où la solitude et l’isolement vont grandissant.

Marguerite-Marie, secrétaire comptable