Avant l’arrivée de ma fille, ma vie était plutôt chaotique. Je cherchais un semblant d’équilibre que je n’arrivais pas à trouver. Ma relation avec le père de ma fille était tumultueuse et très conflictuelle. Lorsque je suis enceinte, sa réaction a été sans équivoque : « Tu avortes, tu n’as pas le choix. » Beaucoup de mes proches ont tenu le même discours. Moi, j’étais paniquée. Sans emploi stable, sans formation ni même le baccalauréat, et résidente en foyer de jeunes travailleurs, je n’imaginais pas tellement quel avenir je pouvais offrir à cet enfant, ni même comment subvenir à mes besoins matériels par mes propres moyens.
Mais je ne voyais pas non plus comment j’aurais la force d’avorter. En moi je sentais que la vie grandissait et bien que l’on me dise que « ce n’est qu’un amas de cellules » je trouvais ça beau ce tout petit fœtus qui était là et qui s’accrochait, qui n’avait rien demandé et à qui l’essentiel de mon entourage voulait du mal. Je me suis dit : « Et si je le gardais ? »
Dans ce brouillard, une amie m’a tendu la main et m’a parlé de Magnificat. En y allant, j’ai trouvé une famille, des personnes accueillantes et aimantes et qui n’étaient pas seulement là pour faire leur travail mais allaient au-delà, créant un véritable lien entre nous et elles.
J’ai intégré Magnificat encore pleine de doutes et de craintes et j’y ai fait mon chemin. Les premiers mois ont été très durs pour moi et j’ai eu peur d’avoir fait le mauvais choix. Petit à petit, Magnificat m’a aidée à reprendre pied et à croire qu’un avenir serein était possible. Là-bas j’ai mûri, j’ai comme appris « à vivre » en adulte et avec les autres, toujours avec une équipe bienveillante et à l’écoute.
Lorsque ma fille est née, je me suis sentie comblée et j’ai alors été sûre que mon choix était le bon et que je ne le regretterai jamais.
Magnificat a vraiment été un tournant dans ma vie pour aborder cette nouvelle étape de la maternité. En plus de tout le soutien moral, de cette belle main tendue et de tout cet amour qui est donné à chaque maman de la Maison, Magnificat m’a aussi aidée à démarrer matériellement dans cette nouvelle vie. Chaque maman a eu un lit pour son futur bébé, du matériel de puériculture, des jouets, etc, et des dons réguliers de vêtements m’ont permis d’avoir quasiment les six premiers mois de ma fille sans avoir à en acheter.
Lorsque j’ai quitté Magnificat, la question de mon avenir se posait toujours, n’ayant pas de réelle formation. Bien que j’aie abandonné les études très jeune et depuis plusieurs années, j’ai réussi à intégrer un BTS en alternance et à obtenir mon diplôme. J’ai ensuite continué en licence professionnelle en alternance dans le domaine de la finance. J’ai aujourd’hui un BAC+3 et je viens de signer mon CDI dans un établissement financier.
Ma fille a maintenant cinq ans, c’est une petite fille très vive et joyeuse qui croque la vie à pleines dents. Elle voit régulièrement son papa et sa famille paternelle et tout le monde est très heureux qu’elle ait vu le jour, moi la première.
A ce jour, j’ai une vie stable et pleine de projets, et je sais qu’elle me réserve encore beaucoup de bonnes surprises…
Carole